L’éditeur indépendant Citadelles-Mazenot, spécialiste du livre d’art grand format, propose depuis octobre 2023 une nouvelle édition de son Grand Livre des oiseaux publié initialement en 1986 en adaptation française d’une publication anglaise de 1981 de Roger et Virginia Peterson. « Ouvrage relié et semi-toilé sous étui illustré, accompagné d’un portfolio de cinq reproductions de gravures. 696 pages, 554 illustrations. 335 € »

Très bien ! Sauf que cette nouvelle édition, en reprenant à l’identique les images décevantes de l’édition initiale, échoue à nouveau à rendre la qualité des planches et surtout des aquarelles de l’édition « double elephant folio » (96 x 78 cm) dirigée et diffusée par Audubon de 1827 à 1838.

Deux exemples par comparaison : The Watercolors for the Birds of America (Random House, 1993) édité par la New York Historical Society à partir des 435 aquarelles (et non des 435 planches qui en sont issues) à l’issue de leur restauration minutieuse ; Les Oiseaux disparus de Jean-Jacques Audubon (La Martinière, 2008) illustré à partir de la série complète et parfaitement conservée des Birds of America, de la Bibliothèque municipale de Besançon.

Sauf que les 8 kilos de papier de chacun des exemplaires du nouveau Grand Livre détruisent un bout de forêt exploitée en dépit du bon sens, baladent des grumes sur les mers du monde et consomment des énergies non renouvelables. C’est ce que je déduis de l’absence de label sur la dernière page du Grand Livre et de mes entretiens avec l’imprimeur.

Cerise sur le gâteau : pas un mot dans la présentation du livre sur le rôle fondateur d’Audubon dans l’émergence du mouvement de conservation de la nature, et un bon paquet des bobards habituels. Non, Audubon n’a pas été « élève de Jean-Louis David ». Non, il n’a pas figuré le dodo, oiseau de Madagascar. Non, ce ne sont pas les oiseaux des États-Unis qu’il a repérés, décrits, figurés mais les oiseaux d’Amérique du Nord, Canada inclus. Et non, les notices du Grand Livre 2023 ne relaient pas les évolutions de la conservation des oiseaux américains depuis 1981.

Plus d’infos
Sur la question épineuse de l’édition des Birds of America, voir le chapitre 3 – John James éditeur et la bibliographie de ma biographie d’Audubon : Du temps où les pingouins étaient nombreux…